Dois-t-on intervenir en Syrie ?

J'entends déjà la clameur de mes amis humanistes qui vont lire que ma réponse est non. Cela dit, j'ai des arguments qui font qu'il est peut-être intéressant de lire la suite avant de suivre le chemin qui est tout tracé par les média.
Pour appuyer cette réponse, je n'ai guère que des parallèles à faire avec des cas existants et particulièrement un pour lequel je m'étais déjà senti exclu de ma communauté d'amis partisans de la démocratie au prix du sang. Le premier cas que je citerais dans cet argumentaire est celui d'un voisin de la Syrie puisqu'il n'y a qu'a descendre l'Euphrate depuis le lac Al-Assad pour arriver à Bagdad. Les irakiens payent le prix fort de la détermination occidentale à vouloir les sauver puisqu'ils sont plus d'un million à être morts depuis la chute de régime de Saddam Hussein et l'arrivée de la paix (cent quarante encore aujourd'hui). C'est à peu près le nombre de morts des huit ans de guerre qui ont opposé l'Irak à l'Iran pour une bande de terre au nord de l'embouchure du Chatt-al-Arab. Mais alors que la guerre était finie depuis des années, le pays qui était pourtant reconnu comme un des plus développés de la région avec un taux d’illettrisme si bas qu'il rendait jaloux les États-Unis est retombé dans un marasme économique avec la terreur religieuse en plus. Des libérations comme ça, je crois que les irakiens s'en seraient bien passés. Un autre exemple est celui de la Libye où il a fallu intervenir coûte que coûte au détriment de la stabilité du pays et de la région pour laisser le chemin libre aux islamistes (et aux exploitants pétroliers). Je m'étais déjà levé contre cette invasion en levant le drapeau du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes mais personne ne m'a écouté et le pays est plongé dans le chaos depuis lors car la population n'a que faire de la démocratie. La démocratie n'est pas la panacée mais ce n'est pas non plus le mal. Cependant, comme chaque chose, il faut que ce soit un choix et non une obligation. Je ne vois encore personne dire : il faut aller rétablir la démocratie en Russie alors que les atteintes aux journalistes et aux opposants est pourtant bien claire. Je n'entends pas les États-Unis parangons de vertu venir faire la morale à l'Union Européenne qui impose le diktat de l'austérité à son peuple pour protéger une classe gavée de foie gras et qui n'est pas prête à sacrifier une once de pouvoir et d'argent pour sortir l'Europe de la crise. Vous me direz que pour la Syrie ce n'est pas pareil, qu'il y a des morts, des gazés... D'accord mais personne ne fait la guerre seul, s'il n'y avait pas eu des opposants armés jusqu'aux dents pour se battre contre le boucher de Damas, je pense que la guerre serait finie depuis belle lurette puisqu'elle a commencée en même temps que celle en Libye. Quand le minaret de la mosquée des Omeyyades est tombée, personne n'a su qui avait tiré les obus mais la probabilité que ce soit les opposants au régime est plus forte. J'attends quand même les résultats que donneront les observateurs de l'ONU sur le massacre de la semaine dernière avant de me prononcer totalement mais nous n'avons pas à faire à des enfants de coeur en face du régime totalitaire.
Le deuxième parallèle que je ferais est celui de la désinformation par la presse traditionnelle qu'elle soit institutionnelle ou "indépendante". Lors de l'attaque en Irak, on pouvait lire à peu près partout dans la presse Anglo-saxonne que le régime Baassiste avait des armes de destruction massive. Aujourd'hui, à part l'armée américaine et les milices islamistes, aucune arme de ce type n'a été trouvée. Qui veut noyer son chien, l'accuse de la rage... Toujours dans la désinformation, je ne crois pas que la presse française soit prête à nous révéler les multiples défaillances du système nucléaire français alors que le Japon combat l'ennemi invisible et se laisse déborder. Elle préfère nous parler des armes chimiques qui sont utilisées au loin plutôt que de celles qui sévissent sur notre territoire.
Dernier parallèle et je vais me coucher. L'hypothétique rébellion d'une partie de la population d'une démocratie ne donnerait-elle pas lieu au même bain de sang. Imaginons qu'un jour les gens qui en ont marre de se faire exploiter attaque la Côte d'Azur, le XVIème et Dauville. Je pense que l'armée française serait vite là pour défendre le lieux au péril de quelques morts voire de quelques centaines voire de quelques milliers si la révolte est assez grosse. Pourrions-nous compter sur l'Angleterre, l'Allemagne et l'Italie pour venir en aide aux civils ? La question des alliances existent depuis la nuit des temps mais ce n'est que depuis quelques siècles qu'elle se pose au niveau mondial. Le monde occidental n'a rien à faire dans une révolution qui n'est pas la notre et qui, si elle doit aboutir, ne sera que plus viable.
Je le répète donc, je ne vois pas l'intérêt d'aller dépenser des milliards d'euros dans une révolution qui est soit celle d'un peuple soit celle d'une faction et qui dans un cas réussira, dans l'autre échouera. Je pense qu'il faut attendre aussi de savoir si l’intégralité des exactions commises sur le territoire syrien est le fait unique de Bachar Al-Assad avant de prendre parti. Si nous devons le prendre, je pense que nous devons essayer de réfléchir à nos actes avant de croire que nous allons relancer notre économie en tapant sur un pays d'une région instable au péril de se mettre la Russie et la Chine à dos pour des négociations de paix à venir. L'occident et la Syrie n'ont rien à gagner d'une intervention armée pas plus qu'elle a profité à l'Afghanistan, à l'Irak ou à la Libye.
I have a dream...