Triple A, impôt à taux unique, signes de la fin d'un modèle économique

La France veut s'appliquer à garder le triple A des agences de notation. C'est bien pour financer un train de vie au-dessus de ce que peut se permettre la France mais les racines de la crise sont plus profondes et les attaques récurrentes des agences contre différents pays de la zone euro en est sans doute le témoin. 
Il faut savoir que les agences de notation sont des entreprises dont les plus connues sont américaines (pour ne pas dénigrer les quelques agences secondaires sur lesquelles se basent certains boursicoteurs). L'influence qu'ont pris ces agences de conseil en placement est tout bonnement incroyable puisque des millions de personnes peuvent plonger dans la misère à cause de la dégradation de leur note. Ce fut le cas par exemple en Lettonie. L'avantage d'avoir des agences américaines pour les Etats-Unis est que les gens qui y travaillent ont tout intérêt à ce que l'économie de leur pays fonctionne. Cependant, il semblerait que ce ne soit plus le cas et il suffit de regarder les récents rebondissements sur la dette de ce pays pour comprendre qu'il est dans l'ornière. La baisse des investissements étrangers au pays de l'oncle Sam veut dire une baisse du niveau de vie de ses habitants qui depuis près de cinquante ans ont pris l'habitude de vivre à crédit. Dans cet optique, montrer du doigt les mauvais élèves à côté de soi a du bon. Cette technique permet de garder la part des investissements étrangers que doivent se partager les pays occidentaux. Les attaques sur les notes se sont d'abord portées sur la périphérie pour affaiblir la zone euro mais au sein de l'union européenne. Ensuite sur des états connus comme endettés de la zone euro avant de se porter sur les moteurs de la zone. L'Amérique Latine et les pays d'Asie s'étant peu à peu éloignés des Etats-Unis, le pays se trouve dans une crise de pouvoir sans précédent où l'armée qui était le fer de lance du pays ne représente plus rien car elle a perdu sa légitimité dans des guerres que beaucoup considèrent injustifiées, la production de biens se fait en grande partie de l'autre côté de l'océan Pacifique et le poids de la diplomatie américaine pèse de moins en moins après les flops de son armée. Les seules armes restantes mais en train de s’effilocher sont la recherche et le pouvoir financier. L'attrait pour les cerveaux est indéniables mais l'hégémonie de Wall Street sur la finance mondiale a perdu beaucoup de sa splendeur après l'arrivé de l'euro et la crise des subprimes. Une des ficelles à laquelle semble se raccrocher les investisseurs outre-atlantique est le pouvoir des agences de notation qui grâce à une alchimie savante arrive à faire passer les capitaux d'un côté à l'autre du globe. La bourse ne répondant à aucune logique éprouvée, ces agences se sont octroyé le statut de prophète. Alors, dans un monde où tout est basé sur la croissance, ceux qui stagnent perdent leur bonne note. A défaut de pouvoir être impartiales car il n'y a pas de règle à appliquer, les agences se couvrent elles-mêmes puisqu'il faut savoir qu'elles sont largement composées d'investisseurs qui ont la plupart de leurs billes aux Etats-Unis.
Un signe de la faiblesse économique de ceux qui furent pendant près d'un siècle les leaders mondiaux est l'idée de l'impôt à taux unique. J'en parlais déjà ici à propos de la Lettonie et j'ai appris beaucoup de choses sur les avantages de la mise en place d'un tel taux d'imposition. Cela veut dire moins de charges pour l'administration fiscale et cela fait revenir les investisseurs qui sont moins effrayés que par un taux élevé. Ce genre de pratique est surtout du ressort des petits états et principalement ceux qui sont considérés comme des paradis fiscaux mais c'est aussi le cas de la Russie qui n'a trouvé que cette possibilité pour faire payer les plus riches qui pensaient payer trop d'impôts. Si ce volet de la politique économique républicaine pour les prochaines élections venait à passer, les Etats-Unis seraient les premiers états dit à économie saine à basculer vers ce système. Cela veut-il dire que la fraude est trop grande chez les plus riches ou qu'il faut attirer les fonds étrangers. Dans le deuxième cas, cela rejoint l'idée que les agences de notation cherche à préserver la suprématie du dollar.
En ce qui me concerne, je pense que le modèle économique basé exclusivement sur la croissance est arrivé à sa fin et qu'à défaut de trouver d'autres moyens de croître, il faudra se contenter de stagner car la terre ne pourra pas fournir les ressources nécessaires à une croissance comme celle qu'elle a connu et connait encore un peu.