Celsius 7/01

J'ai lu que le 7 janvier 2015 serait notre 11/9 en référence aux célèbres attentats et si l'ampleur des décès n'est pas équivalente, la portée du symbole l'est tout autant. Si le culte de la richesse et de la liberté d'entreprendre sont l'apanage des Etats-Unis et que le World Trade Center de New York ait été une représentation de cela, la France cultive depuis longtemps le culte de la satire et de la liberté d'expression. Nora me demandait en quoi l'attentat d'aujourd'hui était plus grave que celui dont je lui avais parlé dans le métro parisien. Je n'ai pas su répondre d'abord. C'est vrai que celui-ci a fait plus de morts mais moins de blessés et nous ne sommes pas dans une logique purement mathématique dans laquelle un mort vaut un certain nombre de points et un blessé un autre nombre. Etait-ce la notoriété des personnes assassinées aujourd'hui qui change le poids qu'on peut accorder à cet attentat ? Sans doute un peu mais ce qui à mon avis apporte le plus de symbolique à cet attentat, ce sont les mobiles. Les attentats de 95 visaient à punir la France pour son soutien au gouvernement régulier d'Algérie face aux Islamistes alors que celui d'hier a visé des personnes qui ont usé de la liberté d'expression que leur garantissait le pays dans lequel ils vivaient. L'idée seconde est de faire comprendre que la charia dans sa plus stupide interprétation est instaurée à travers le monde. Nous sommes un pays laïque et même si les dessins de Charlie Hebdo ont pu choquer, ils ne font que s'inscrire dans une longue tradition de satire et de liberté de penser en France. Ce n'est pas donc plus une attaque mal organisée contre le peuple français mais contre les fondements de la république qui bat parfois de l'aile mais qui continue à voler et à nous protéger notre liberté d'expression.
Ce jour est grave car il marque un tournant dans notre histoire et je ne vois pas à quoi ça sert de vous inquiéter du congolais, du népalais ou du guatémaltèque aujourd'hui alors que vous n'en avez rien eu à foutre avant. Des gens meurent tous les jours de violence et de barbarie mais ne minimisons pas l'attaque qui a été faite à la liberté de pensée à travers un altruisme feint.
Pour finir avec mon parallèle États-unien, je voudrais rappeler à Donald Trump que si les armes avaient été en libre circulation en France, les gens de Charlie Hebdo pour des raisons éthiques n'en auraient pas eu mais que sans doute les assaillants seraient arrivés plus armés et auraient sans doute fait plus de morts.