Le monde entier se penche au chevet de la Lettonie
Le monde (je parle du journal) a consacré deux articles à la crise en Lettonie. Le premier article parle de l'incapacité des ménages à rembourser des crédits. Il ne faut pas exagérer tout de même. Les exemples de faillite personnelle pleuvent en Lettonie et le journal "Le Monde" n'a rien trouvé de mieux que d'aller interviewer un couple qui s'est endetté en voulant mener un train de vie de star avec des salaires de classe moyenne. On lit dans l'article que madame avait une audi A4 dont le prix de départ est 20 000 lats (30 000€), monsieur avait une audi Jeep, c'est à dire Q5 dont le prix de départ est 26 000 lats (36 000€). Le couple a donc déjà pour 66 000€ de voitures. Je peux vous dire que ce n'est pas le cas de la plupart des ménages qui connaissent une situation de surendettement. Ajoutons à cela qu'un prêt immobilier est contracté et que l'ensemble des dettes du couple s'élèvent à 237 000€. Madame est comptable elle doit savoir que pour rembourser 66 000€ en 5 ans (durée d'amortissement d'un véhicule), il faut rembourser 1400€ par mois (cette somme inclue le coût du prêt). Franchement, je ne pense pas qu'il y ait beaucoup de comptables dans les journaux de Lettonie qui touchent (ou aient touché) cette somme d'argent comme salaire. Il faut donc ajouter à cela 171 000 € de prêt immobilier qu'on imagine sur 30 ans, ce qui amène le remboursement de crédit à 2600€ par mois. Les affaires de Monsieur consistent en une carrière qui vend pour les construction de routes à l'état. Si l'a parte m'est permis, vu l'état des routes en Lettonie, il n'a jamais du vendre grand chose. Qu'importe, le remboursement de crédit à hauteur de 2600€ par mois est difficile pour la plupart des ménages d'Europe et a fortiori dans un pays où le salaire moyen était de 320€ avant la crise. Il faut ajouter à cela l'habillement et la nourriture, les sorties et les activités des enfants, éventuellement les voyages, je ne connais pas beaucoup de couples qui puissent endosser un tel crédit. Alors qui est fautif ? Je ne vais pas défendre la banque qui n'a jamais cherché à établir la solvabilité de leurs clients en mettant en place un contrôle des salaires sur l'imposition, ce qui aurait permis de limiter l'économie "grise", mais je ne vais pas défendre non plus ce couple qui a voulu mener un train de vie qui n'était pas à la hauteur de leurs salaires en disant que les banques les ont forcé à contracter des crédits. Si tout le monde avait acheté selon ses possibilité, la Lettonie ne serait pas si tristement enfoncée dans la crise. Alors que la banque annule la dette après confiscation du bien hypothécaire, je ne peux qu'être pour car la banque n'assume pas les risques qu'elle a pris en accordant des crédits pourris mais que les ménages qui ont voulu se faire mousser à coup de crédits prennent aussi les leurs.
Le second article parle de la crise de confiance à l'égard de la classe politique lettonne. Ici, le monde retrace rapidement l'histoire de l'installation de tentes en face du cabinet du premier ministre et parle de la crise de confiance qui grandit vis-à-vis de la classe politique. La première victime est sans doute le parti populaire (tautas partija) qui a conduit le pays dans la crise en ne faisant rien pour limiter la surchauffe de l'économie alors qu'il avait encore tous les outils le permettant. Le retour sur la scène d'Andris Skele semble ne rien pouvoir changer à la débâcle électorale qui les attend l'année prochaine. Mais la crise de confiance va au-delà du parti populaire et les listes "Lembergs" (du nom du maire de Ventspils et oligarque du pétrole) ne vont sans doute pas faire revenir la confiance. Ces listes contiennent une série de noms d'hommes politiques et de hauts fonctionnaires qui ont touché la bagatelle de 7 millions de dollars entre 2002 et 2005. Du coup, les électeurs se tournent vers les partis qui n'ont jamais été au pouvoir et c'est ce qui a poussé un russophone à la tête de Riga (voir article précédent Politique et Nationalisme). Ce tournant historique vers des partis plus à gauche laisse présager un tournant encore plus radical aux prochaines élections dans un contexte où les partis qui étaient (ou sont) au pouvoir ont de plus en plus de mal à retrouver la confiance des électeurs. Les observateurs politiques jugent même que le FMI est plus social que le gouvernement letton en préconisant l'impôt sur le revenu progressif.
Le dernier article qui traite de l'évolution économique de la Lettonie. Cet article contient en grande majorité des préconisations au gouvernement qui vont vers plus de restrictions budgétaires dans le domaine social pour donner de l'air à l'état et au secteur privé. Même si je ne partage pas toutes les idées du rédacteur, il en ressort que le gouvernement ne peut pas blâmer les banques suédoises (SEB et Swedbank dont il est également question dans le premier article du monde) sans faire son examen de conscience et assumer pleinement les conséquences de ses actes. La dette de l'état augmente et ne cessera d'augmenter si l'état ne met pas un vrai dispositif en place pour relancer les exportations et les favoriser par rapport à un marché intérieur qui est plus que est mort. La dévaluation dont le spectre est présenté comme la camarde des emprunteurs en euros est décrit dans cet article comme une solution de moindre mal face à la chute des salaires et au chômage qui frappent encore plus durement qu'une dévaluation, les ménages surendettés. La chute des salaires est de l'ordre de 30% en Lettonie selon les sources de cet auteur et le chômage touche 20% de la population, une dévaluation de l'ordre de 15% qui permettrait de rester dans le système de taux de change fixe avec l'euro, donnerait les ressources nécessaires aux exportations. Quelles exportations ? A mon avis, un autre problème de la Lettonie est qu'à part des immeubles et des crédits, la Lettonie n'a pas produit grand chose ces dernières années. L'exportation de bois est au plus mal face à des pays comme la France qui ont retrouver leurs potentiel d'exploitation forestière après des années de politique de replantage (il sort 5 fois plus de bois des forêts qui entourent Mimisan dans un rayon de 100 km que de toute la Lettonie), le domaine agricole peine à s'adapter à un marché où la valeur ajoutée se fait de plus en plus sur des produits d'agriculture biologique, où les centrales d'achat dictent les prix et où cinq décennies de soviétisme ont laissé des marques. C'est sur ce point que l'accompagnement des chômeurs doit se faire. La Lettonie n'a pas besoin d'argent mais d'idées et suite aux récents rebondissements, il va falloir s'attendre à une coupe de l'aide venant du FMI.
Le second article parle de la crise de confiance à l'égard de la classe politique lettonne. Ici, le monde retrace rapidement l'histoire de l'installation de tentes en face du cabinet du premier ministre et parle de la crise de confiance qui grandit vis-à-vis de la classe politique. La première victime est sans doute le parti populaire (tautas partija) qui a conduit le pays dans la crise en ne faisant rien pour limiter la surchauffe de l'économie alors qu'il avait encore tous les outils le permettant. Le retour sur la scène d'Andris Skele semble ne rien pouvoir changer à la débâcle électorale qui les attend l'année prochaine. Mais la crise de confiance va au-delà du parti populaire et les listes "Lembergs" (du nom du maire de Ventspils et oligarque du pétrole) ne vont sans doute pas faire revenir la confiance. Ces listes contiennent une série de noms d'hommes politiques et de hauts fonctionnaires qui ont touché la bagatelle de 7 millions de dollars entre 2002 et 2005. Du coup, les électeurs se tournent vers les partis qui n'ont jamais été au pouvoir et c'est ce qui a poussé un russophone à la tête de Riga (voir article précédent Politique et Nationalisme). Ce tournant historique vers des partis plus à gauche laisse présager un tournant encore plus radical aux prochaines élections dans un contexte où les partis qui étaient (ou sont) au pouvoir ont de plus en plus de mal à retrouver la confiance des électeurs. Les observateurs politiques jugent même que le FMI est plus social que le gouvernement letton en préconisant l'impôt sur le revenu progressif.
Le dernier article qui traite de l'évolution économique de la Lettonie. Cet article contient en grande majorité des préconisations au gouvernement qui vont vers plus de restrictions budgétaires dans le domaine social pour donner de l'air à l'état et au secteur privé. Même si je ne partage pas toutes les idées du rédacteur, il en ressort que le gouvernement ne peut pas blâmer les banques suédoises (SEB et Swedbank dont il est également question dans le premier article du monde) sans faire son examen de conscience et assumer pleinement les conséquences de ses actes. La dette de l'état augmente et ne cessera d'augmenter si l'état ne met pas un vrai dispositif en place pour relancer les exportations et les favoriser par rapport à un marché intérieur qui est plus que est mort. La dévaluation dont le spectre est présenté comme la camarde des emprunteurs en euros est décrit dans cet article comme une solution de moindre mal face à la chute des salaires et au chômage qui frappent encore plus durement qu'une dévaluation, les ménages surendettés. La chute des salaires est de l'ordre de 30% en Lettonie selon les sources de cet auteur et le chômage touche 20% de la population, une dévaluation de l'ordre de 15% qui permettrait de rester dans le système de taux de change fixe avec l'euro, donnerait les ressources nécessaires aux exportations. Quelles exportations ? A mon avis, un autre problème de la Lettonie est qu'à part des immeubles et des crédits, la Lettonie n'a pas produit grand chose ces dernières années. L'exportation de bois est au plus mal face à des pays comme la France qui ont retrouver leurs potentiel d'exploitation forestière après des années de politique de replantage (il sort 5 fois plus de bois des forêts qui entourent Mimisan dans un rayon de 100 km que de toute la Lettonie), le domaine agricole peine à s'adapter à un marché où la valeur ajoutée se fait de plus en plus sur des produits d'agriculture biologique, où les centrales d'achat dictent les prix et où cinq décennies de soviétisme ont laissé des marques. C'est sur ce point que l'accompagnement des chômeurs doit se faire. La Lettonie n'a pas besoin d'argent mais d'idées et suite aux récents rebondissements, il va falloir s'attendre à une coupe de l'aide venant du FMI.