Ballade en Courlande -3ème et 4ème Jours-

Nous nous sommes accordé une journée de plage après l'échappée de la veille. Dans un coin que je tiendrais secret pour des raisons militaires (surtout pour que personne n'y aille), nous avons trouvé une magnifique plage où il n'y avait absolument personne. Il faut dire que nous avons du affronté une nuée de papillon, rouler plusieurs minutes sur un chemin de forêt et marcher encore un peu pour rejoindre la plage.

Et quelle ne fut pas notre surprise d'y rencontrer des vagues dignes d'une mer méditerranée dans ces moments furieux. J'ai pu retrouver mes joies d'enfant en jouant pendant une grosse demi-heure à sauter par dessus la vague ou à plonger dessous en essayant toujours d'anticiper la forme de la suivante. Si le jeu est amusant il est peu recommandable pour les enfants seuls puisqu'à plusieurs reprises j'ai failli tomber avant de pouvoir me récupérer in extremis, sauf une fois ou une lame de fond plus vicieuse que les autres m'a couché sur le dos dans la mer agitée. La lutte qui s'ensuivit m'acheva physiquement et je fus obligé d'aller me reposer sans rien faire au soleil! Vu le vent qui soufflait, je comprends pourquoi les lituaniens et les lettons ont choisi l'endroit pour planter leurs parcs d'éoliennes. Il serait d'ailleurs judicieux que je me renseigne à nouveau sur ce projet dans la mer baltique mais qui a du tombé à l'eau.
Après avoir profiter de la mer et de la plage pendant un bon moment, nous avions faim. Nous avons donc du engloutir pour seul repas une immense quantité de myrtilles sauvages qui n'avaient pas vu l'ombre d'un homme depuis un bon moment. On ne regrette jamais l'aventure dans les forêts lettonnes, sauf peut-être durant l'hiver où on ne trouve rien. Après notre cueillette, nous sommes partis à la recherche d'un camping. Nous ne nous sommes arrêté que pour acheter notre repas du soir car malgré la quantité engloutie, les myrtilles ne nourrissent pas vraiment. Nous avons donc planté notre tente et préparer du poisson au feu de bois qui fut délicieux.

Le lendemain, nous sommes partis vers Aizpute avec l'idée de visiter aussi Kabile. Ne voulant pas suivre les grandes routes de Lettonie, nous avons pris la route qui va de Liepaja vers Pavilosta avec dans l'idée de s'écarter de la terre aussitôt que nous aurions à nouveau profité de la mer. Il ne faisait pas aussi beau que la veille et la plage était nettement moins déserte. Peu importe, il s'agissait de se baigner un peu avant de continuer notre visite de la Courlande. Aizpute est selon les gens du coin la plus vielle ville de Lettonie aussi notre curiosité était grande de découvrir ce lieu près duquel nous étions passé plusieurs fois.
Mais avant, nous devions suivre quelques pistes pour la rejoindre. La première étape est Vergale où se trouve le pavillon de chasse de l'ancien baron d'Edole. La directrice de l'école (car le pavillon de chasse est devenu une école) nous demande si nous désirons voir l'escalier en chêne avec le parterre de marbre qui sont les derniers vestiges intérieurs de l'époque à laquelle fut construit le bâtiment. Il ne nous fallut pas longtemps pour en faire le tour.


La seconde surprise fut Cirava. Qui imaginerait une si grande demeure dans un village qui n'est indiqué sur aucune carte touristique. Si beaucoup de châteaux et domaines ont passé les émeutes de 1905, la première période d'indépendance et les occupations nazis et soviétique grâce à leur reconversion en école ou en mairie. Ce ne fut pas le sort du château de Cirava dont l'imposante stature reflète dans un lac. Il faut savoir que l'équivalent de la place du marché française est souvent un lac en Courlande. La vue est surprenante et inattendue. L'état de délabrement n'est pas critique mais ne tardera pas à le devenir si rien n'est fait pour le préserver.
Cette agréable surprise me donne le courage pour m'aventurer encore plus hors des sentiers battus même si la conduite sur les pistes est fatigante.


Nous nous dirigeons donc vers Vecpils où nous ne trouvons aucune trace du château malgré le nom de la ville qui semblerait en indiquer la présence (Vecpils veut dire vieux château).
Enfin, nous décidons de poursuivre notre route vers Aizpute. La ville ressemble énormément à Liepaja dans l'architecture et ici aussi, le besoin d'argent se fait sentir. La brasserie historique de la ville semble ne plus brasser de bière depuis longtemps alors que les bâtiments indiqués comme historiques ont, pour certains, besoin d'un coup de peinture qui leur redonnerait leur faste d'antant. Nous ne nous attardons pas plus que ça car la fatigue se fait sentir et nous voulons pouvoir nous poser un peu avant le coucher du soleil. Nous optons pour un bungalow tout confort et à un prix de crise. Nous profitons de la dernière nuit de vadrouille avant le retour en ville.