Budget voté

Dans la veine des trois précédents billets, voici la suite et la fin des tractations budgétaires de la république de la Lettonie.

La technique adoptée par le gouvernement semble être la suivante : "on fait une annonce choc que l'on ne met pas en place pour pouvoir faire passer une version édulcorée quelques mois plus tard". Il y aura donc bien une augmentation de l'impôt sur la revenu mais par pour de suite. Les députés n'ont pas voté pour cette proposition. Deux choses sont possibles : soit ils ont peur de perdre beaucoup puisqu'ils ont les salaires suffisants pour être taxer au maximum, soit ils vont appliquer la technique des retraites.

La technique des retraites est celle décrite plus haut. Dans un premier temps, le gouvernement Godmanis avait commencé par annoncer que les retraites ne seraient pas indexées sur le coût de la vie en 2009 puis Dombrovskis avait dit qu'il n'était pas question de réduire les retraites comme proposé par le FMI, puis il avait été question de les réduire de moitié, ce qui a déclenché le tollé qu'on imagine pour enfin être réduites de 10%. Entre la première déclaration et l'application de la dernière mesure, il s'est passé moins de 6 mois.

En fait, on remarque une certaine logique dans les différentes mesures adoptées. Le gouvernement a une politique déflationniste. Puisque c'est l'inflation galopante des années de croissance qui a plombé l'économie, il faut faire exploser la bulle. Pour ça, il augmente la TVA, il diminue les salaires sur lesquels il a du pouvoir, ensuite il baisse les retraites, tout ça a finalement l'effet escompté, celui de faire baisser les prix dans la consommation. Même si le calcul est savant et dangereux, il porte ses fruits. Deux mois de déflation consécutifs, cela est mené par l'immobilier mais également par les prix dans les magasins. On peut imaginer que ça doit servir la production locale puisque si les salaires baissent, les gens vont devoir consommer ce qui est le plus abordable, ce sera la production lettonne ou voisine. En effet, il est difficile d'imaginer que les commerçants soient à même de faire baisser les prix de l'importation mais ils pourront jouer sur les prix locaux puisqu'ils sont en négociation plus ou moins directe. Si ce scénario se met en place, on peut imaginer que les produits lettons seront plus compétitifs que les autres et en relançant la consommation locale, on relance la production et donc l'emploi.
Une fois cette hypothèse énoncée pour expliquer la politique économique du gouvernement letton, on peut faire des projections. La première est le relâchement du taux de change par rapport à l'euro. Dans l'hypothèse où la production locale est relancée, on peut imaginer que le taux de change sera un frein à l'exportation. Même si la mesure ne semble plus aussi imminente que je ne l'avais cru, on peut penser qu'elle va avoir lieu d'ici la fin de l'année. Cela dépend également de la solidité de la banque de Lettonie qui peut ne plus pouvoir assurer le taux de change qu'elle s'était imposée alors. On peut s'attendre aussi à des mesures incitatives envers les producteurs agricoles et industriels, ce qui entraînera certainement une refonte de l'économie lettonne au détriment des services. Enfin, les tarifs de l'électricité, du gaz et du chauffage vont devoir être revus à la baisse puisqu'ils seront sans doute trop élevés pour le citoyen lambda ou pour le retraité. Dans ce contexte, on peut inscrire l'impôt sur le revenu progressif mais avec des seuils différents.