Politique et nationalisme
Le nationalisme letton semble encore avoir des beaux jours devant lui... Si ce n'est pas dans la population, au moins dans la classe politique.
Après le revers historique infligé lors des municipales et des européennes à la droite conservatrice à Riga et en Lettonie par une union de partis de centre-gauche, les commentaires vont bon train pour dire que les partis dit "russophones" ont bénéficié du soutien de l'électorat letton alors que les partis "lettons" n'ont pas bénéficié du soutien des "non-lettons". Vous avez bien lu! Il ne s'agit pas de voter pour des idées mais pour un sentiment national. Et si j'utilise entre guillemets les termes de "russophones", "lettons" et "non-lettons", c'est qu'ils sont apparu dans la campagne.
Avant de lire cet article, il est important de savoir que la Lettonie compte une large communauté russophone issue du démembrement du bloc soviétique. Ils sont appelés "russes" dans le langage courant mais sont originaires d'une peu toute la partie Est de l'Union Soviétique. Quand je dis la partie Est, il faut comprendre tout ce qui est à l'Est de la frontière que fait maintenant l'Union Européenne avec la Fédération de Russie. Ces "Russes" sont pour certains des migrants, pour d'autres des déportés et une infime partie est composée de militaires tombés amoureux d'une lettonne. "Russophones" est le terme utilisé par les membres de cette communauté, par la communauté internationale et par les gens peu enclins au nationalisme virulent. "Russe" est le terme utilisé par la grande majorité des lettons et peut avoir un sens péjoratif dans certaines bouches. Ce terme est également utilisé par les "vrais" russes qui voudraient que Poutine vienne enfin les libérer du joug de l'Union Européenne et qui ne ratent pas une occasion de montrer leur attachement à la "mère patrie". "Non-letton" est un terme beaucoup plus large puisqu'il regroupe cette communauté mais également ceux qui sont issus de l'Union Soviétique et qui ne sont pas né à l'Est de cette ligne dont je vous parlais précédemment. Cette catégorie comprend aussi les gens qui sont arrivés après l'effondrement de l'Union Soviétique et qui n'ont pas du "sang" letton. Car si le nationalisme est aussi virulent, c'est parce que les lois n'invitent pas forcément à l'intégration et le droit du sang dans un environnement aussi multiculturel n'est, à mon avis, pas un facteur favorable à l'intégration.
Le revers du parti nationaliste à Riga
TB/LNNK notait tristement que les "lettons" étaient inférieurs en nombre aux "non-lettons" à Riga et l'ont même écrit sur des affiches qui vomissaient le nationalisme de tous les côtés. Avec pour second volet à cette campagne, un slogan qui mettait en avant la préférence nationale "pour les intérêts des Lettons à Riga". Quand on pense que le maire sortant était de ce parti...
Fier d'être lui aussi 100% letton, le parti populaire n'a pas était en reste sur les commentaires du style : "les russophones vont voter pour leurs partis, il faut que les lettons vote pour les leurs". Pour information, le parti populaire est celui qui a conduit le pays à la faillite en menant une politique de régulation fiscale laxiste. Quand on sait cela, on peut comprendre que les gens aient des réticences à voter pour eux.
De leur côté, les partis de centre-gauche qui sont pour la plupart "russophones" ont prôné plus d'interventionnisme dans les affaires et pour une solidarité nationale qui dépasse les clivages de la langue. Dans le contexte actuel, on peut aisément comprendre que les gens aient préféré ce qui se sont intéressés à écrire un programme politique par rapport à ceux qui ont jouer sur l'opposition lettons/non-lettons.
Le parti de centre-droit qui est à la tête du gouvernement actuellement à réussi à tirer son épingle du jeu en présentant un vrai programme pour Riga et pour l'Europe. Les quelques jours qui ont suivis nous ont prouvé que c'était un vrai programme politique, j'entends par là, destiné à se faire élire et pas forcément à être mis en place. Ils ont de grandes chances de remporter le poste de maire de Riga. Quand il sera maire de Riga, est-ce que Slesers nous apprendra comme il l'a promis à gagner de l'argent plutôt que d'en économiser? Je ne sais pas mais je n'ai pas forcément envie de gagner de l'argent par les mêmes moyens que Slesers.
Ce n'est pas vraiment ça qui est gênant, ce qui est gênant, c'est que des politiques continuent de jouer sur un sentiment nationaliste malsain à des fins électorales. Pire encore, de l'alimenter par des allégations fallacieuses quand ils s'aperçoivent qu'il n'est plus suffisamment fort ou violent. Ce qu'il faut également savoir, c'est que les partis de centre gauche ont du composer pleinement avec l'électorat letton puisqu'une partie importante des 54% de "non-lettons" dont TB/LNNK déplore l'écrasante majorité et qui vivent à Riga n'ont pas de nationalité, ni russe, ni lettone et n'ont par conséquent pas le droit de voter.
La claque pour les eurosceptiques aux européennes
La claque aux européennes est plus difficile à déceler dans les résultats purs puisque la plupart des grands partis ont obtenu un siège. Cependant, historiquement, c'est les eurosceptiques du TB/LNNK qui avaient la majorité des voix lettones dans cette assemblée. Il faut savoir le taux de participation a bondi de 41 à 53% donc les voix eurosceptiques ont eu moins de poids, surtout qu'elles étaient divisées entre deux partis principaux. Cette croissance exceptionnelles du taux de participation est dû à la simultanéité des scrutins municipaux et européens. Une idée pour le futur?
Une autre explication réside sans doute dans l'aide apportée tout au long des 5 dernières années (et même avant) par l'Union Européenne. Elle a permis la mobilité de milliers de gens qui ont profité des différents programmes ou des nouvelles opportunités de travail, la rencontre d'autres cultures, les échanges de savoir et une aide financière quand il y en a eu besoin. Une partie des lettons (et quand je l'utilise j'englobe tout le monde) comprend l'intérêt de l'Union Européenne alors qu'il s'agissait d'une notion assez floue pour une grande majorité lors du premier scrutin. Certains n'avaient d'ailleurs pas hésité à comparer l'Union Européenne à l'Union Soviétique.
La Lettonie est un pays qui connait de profonds changements et l'apaisement du sentiment national ou anti-russophone qu'on peut dénoter dans un vote qui est devenu celui des idées avant d'être celui de la langue va dans le bon sens. Comme la croissance, l'inflation, la récession, la déflation, rien ne se fait calmement dans ce pays où les gens ont pourtant un tempérament calme forgé par l'attente du printemps. Il est parfois si long à venir qu'on se demande si on ne va pas devoir attendre douze mois de plus avant de le voir éclore de mille bourgeons et mille fleurs.
Après le revers historique infligé lors des municipales et des européennes à la droite conservatrice à Riga et en Lettonie par une union de partis de centre-gauche, les commentaires vont bon train pour dire que les partis dit "russophones" ont bénéficié du soutien de l'électorat letton alors que les partis "lettons" n'ont pas bénéficié du soutien des "non-lettons". Vous avez bien lu! Il ne s'agit pas de voter pour des idées mais pour un sentiment national. Et si j'utilise entre guillemets les termes de "russophones", "lettons" et "non-lettons", c'est qu'ils sont apparu dans la campagne.
Avant de lire cet article, il est important de savoir que la Lettonie compte une large communauté russophone issue du démembrement du bloc soviétique. Ils sont appelés "russes" dans le langage courant mais sont originaires d'une peu toute la partie Est de l'Union Soviétique. Quand je dis la partie Est, il faut comprendre tout ce qui est à l'Est de la frontière que fait maintenant l'Union Européenne avec la Fédération de Russie. Ces "Russes" sont pour certains des migrants, pour d'autres des déportés et une infime partie est composée de militaires tombés amoureux d'une lettonne. "Russophones" est le terme utilisé par les membres de cette communauté, par la communauté internationale et par les gens peu enclins au nationalisme virulent. "Russe" est le terme utilisé par la grande majorité des lettons et peut avoir un sens péjoratif dans certaines bouches. Ce terme est également utilisé par les "vrais" russes qui voudraient que Poutine vienne enfin les libérer du joug de l'Union Européenne et qui ne ratent pas une occasion de montrer leur attachement à la "mère patrie". "Non-letton" est un terme beaucoup plus large puisqu'il regroupe cette communauté mais également ceux qui sont issus de l'Union Soviétique et qui ne sont pas né à l'Est de cette ligne dont je vous parlais précédemment. Cette catégorie comprend aussi les gens qui sont arrivés après l'effondrement de l'Union Soviétique et qui n'ont pas du "sang" letton. Car si le nationalisme est aussi virulent, c'est parce que les lois n'invitent pas forcément à l'intégration et le droit du sang dans un environnement aussi multiculturel n'est, à mon avis, pas un facteur favorable à l'intégration.
Le revers du parti nationaliste à Riga
TB/LNNK notait tristement que les "lettons" étaient inférieurs en nombre aux "non-lettons" à Riga et l'ont même écrit sur des affiches qui vomissaient le nationalisme de tous les côtés. Avec pour second volet à cette campagne, un slogan qui mettait en avant la préférence nationale "pour les intérêts des Lettons à Riga". Quand on pense que le maire sortant était de ce parti...
Fier d'être lui aussi 100% letton, le parti populaire n'a pas était en reste sur les commentaires du style : "les russophones vont voter pour leurs partis, il faut que les lettons vote pour les leurs". Pour information, le parti populaire est celui qui a conduit le pays à la faillite en menant une politique de régulation fiscale laxiste. Quand on sait cela, on peut comprendre que les gens aient des réticences à voter pour eux.
De leur côté, les partis de centre-gauche qui sont pour la plupart "russophones" ont prôné plus d'interventionnisme dans les affaires et pour une solidarité nationale qui dépasse les clivages de la langue. Dans le contexte actuel, on peut aisément comprendre que les gens aient préféré ce qui se sont intéressés à écrire un programme politique par rapport à ceux qui ont jouer sur l'opposition lettons/non-lettons.
Le parti de centre-droit qui est à la tête du gouvernement actuellement à réussi à tirer son épingle du jeu en présentant un vrai programme pour Riga et pour l'Europe. Les quelques jours qui ont suivis nous ont prouvé que c'était un vrai programme politique, j'entends par là, destiné à se faire élire et pas forcément à être mis en place. Ils ont de grandes chances de remporter le poste de maire de Riga. Quand il sera maire de Riga, est-ce que Slesers nous apprendra comme il l'a promis à gagner de l'argent plutôt que d'en économiser? Je ne sais pas mais je n'ai pas forcément envie de gagner de l'argent par les mêmes moyens que Slesers.
Ce n'est pas vraiment ça qui est gênant, ce qui est gênant, c'est que des politiques continuent de jouer sur un sentiment nationaliste malsain à des fins électorales. Pire encore, de l'alimenter par des allégations fallacieuses quand ils s'aperçoivent qu'il n'est plus suffisamment fort ou violent. Ce qu'il faut également savoir, c'est que les partis de centre gauche ont du composer pleinement avec l'électorat letton puisqu'une partie importante des 54% de "non-lettons" dont TB/LNNK déplore l'écrasante majorité et qui vivent à Riga n'ont pas de nationalité, ni russe, ni lettone et n'ont par conséquent pas le droit de voter.
La claque pour les eurosceptiques aux européennes
La claque aux européennes est plus difficile à déceler dans les résultats purs puisque la plupart des grands partis ont obtenu un siège. Cependant, historiquement, c'est les eurosceptiques du TB/LNNK qui avaient la majorité des voix lettones dans cette assemblée. Il faut savoir le taux de participation a bondi de 41 à 53% donc les voix eurosceptiques ont eu moins de poids, surtout qu'elles étaient divisées entre deux partis principaux. Cette croissance exceptionnelles du taux de participation est dû à la simultanéité des scrutins municipaux et européens. Une idée pour le futur?
Une autre explication réside sans doute dans l'aide apportée tout au long des 5 dernières années (et même avant) par l'Union Européenne. Elle a permis la mobilité de milliers de gens qui ont profité des différents programmes ou des nouvelles opportunités de travail, la rencontre d'autres cultures, les échanges de savoir et une aide financière quand il y en a eu besoin. Une partie des lettons (et quand je l'utilise j'englobe tout le monde) comprend l'intérêt de l'Union Européenne alors qu'il s'agissait d'une notion assez floue pour une grande majorité lors du premier scrutin. Certains n'avaient d'ailleurs pas hésité à comparer l'Union Européenne à l'Union Soviétique.
La Lettonie est un pays qui connait de profonds changements et l'apaisement du sentiment national ou anti-russophone qu'on peut dénoter dans un vote qui est devenu celui des idées avant d'être celui de la langue va dans le bon sens. Comme la croissance, l'inflation, la récession, la déflation, rien ne se fait calmement dans ce pays où les gens ont pourtant un tempérament calme forgé par l'attente du printemps. Il est parfois si long à venir qu'on se demande si on ne va pas devoir attendre douze mois de plus avant de le voir éclore de mille bourgeons et mille fleurs.